Visite d’expo : Préhistoire, une énigme moderne

Au début, je n’étais pas très emballée par l’idée de visiter cette exposition. Encore une idée étrange de curateurs qui aiment associer des concepts parfois contradictoires. En quoi la préhistoire pouvait-elle intéresser les artistes modernes et contemporains ? Mais je commettais une erreur, cette exposition s’est révélée riche et passionnante. Elle m’a même donné envie de la revoir.

Elle commence par des vidéos de vieux films en noir et blanc où des dinosaures de carton-pâte jouent à cache-cache avec des explorateurs. Un début pas trop sérieux pour une exposition qui l’est pourtant. Son objectif est de montrer comment des grands artistes du 20e et du début du 21e siècle sont hantés par la question de la « préhistoire.» Les origines de l’humanité font bien partie des grandes interrogations des artistes à partir de la fin du 19e siècle.

Il faut savoir que la préhistoire est une idée moderne. Le mot ne devient courant qu’à partir des années 1860. En même temps que la Révolution industrielle a lieu, les hommes commencent à fouiller les strates des sous-sols et font des découvertes qui les stupéfient. Dessins sur les parois des grottes, sculptures étonnantes. Cet art pariétal se sera cependant reconnu qu’à la fin du 19e siècle. Le parcours de l’exposition propose une progression chronologique en quatre grandes étapes. Le tournant du 19e et du 20e siècles avec Redon et Cézanne. Les années 1930 avec Picasso, Miro, Giacometti, Ernst. La fin des années 60 avec Louise Bourgeois, Beuys, Robert Smithson. La période contemporaine avec les frères Chapman notamment…

Venus de Lespugue
Figure féminine dite « Vénus de Lespugue », époque gravettienne (vers – 23 000 ans). Ivoire de mammouth. 14,7 x 6 x 3,6 cm. Photo : V. Auriel
Louise Bourgeois, Harmless Woman, 1969. Bronze, gold patina, 28,3 x 11,5 x 11,5 cm Collection The Easton Foundation. Photo : V. Auriel

On retrouve ainsi dans les œuvres de Louise Bourgeois, un rappel des sculptures callipyges des premiers temps. Picasso possédait deux moulages de la Vénus de Lespugue (découverte en 1922) dans son atelier. Il s’en est sans doute inspiré pour son tableau La femme nue couchée. Giacometti était lui-aussi fasciné par ce chef-d’œuvre préhistorique. Jean Dubuffet s’est clairement inspiré des gravures de l’art pariétal dans certaines de ses œuvres… Les empreintes des corps de Klein résonnent avec celles des mains des premiers hommes dans les cavernes… L’art néolithique, moins anthropomorphique, a intéressé les artistes abstraits ou du land art, comme Richard Long.

Bref, cette exposition, à l’organisation thématique parfois un peu absconse, a le mérite de nous faire regarder des œuvres modernes et contemporaines d’un œil nouveau. Elle a attisé ma curiosité et mon désir d’en savoir plus.

Et vous qu’en avez-vous pensé ? Les rapprochements entre art contemporain et art préhistorique vous semblent-ils justifiés ?

Richard Long, Snake Circle, 1991 Gneiss (pierre), 70 x 400 cm. Photo : Valérie Auriel

Vidéo de l’exposition

Visitez l’exposition avec une de ses commissaires…

Infos pratiques

PRÉHISTOIRE, UNE ÉNIGME MODERNE. Centre Pompidou, Galerie 1, niveau 6. Du 8 mai au 16 septembre 2019. www.centrepompidou.fr

Œuvre en encart

Sculpture en bois de l’artiste d’art brut Levi Fisher Ames

4 réponses

  1. Gwen dit :

    Bonjour, votre article est très interessant.

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    Merci à vous !

  2. a t’on besoin de justifier les choses ? quand un sujet fait oui à une personne ,qu’elle soit artiste ou pas… elle y plonge, elle cherche, trifouille, apprend, construit, avance, recule, exploite.. et le vit simplement.

    • Valérie dit :

      Merci Véronique pour ce commentaire ! Vous avez raison. Nul besoin de justifier les choses en effet. Il faut être à l’écoute de ses ressentis, de ses émotions. Se laisser surprendre, sans idée préconçue.