Visite d’expo, Hey ! Modern Art & Pop Culture

PAUL TOUPET, Géant. 2018. Structure en bois, Mousse expansible, plâtre résiné, enduit, tissu, acrylique, résine. 300 x 100 x 120 cm

Quand on visite une exposition de la Halle Saint Pierre, c’est comme si l’on s’aventurait sur les chemins de traverses de l’art. La surprise est toujours au rendez-vous. C’est d’autant plus vrai quand c’est le magazine HEY! modern art & pop culture le commissaire d’exposition. Pour cette quatrième collaboration avec la Halle, Anne & Julien, les créateurs de la revue, ont sélectionné 36 artistes (dont la plupart n’a jamais exposé en France) issus de 17 pays, pour une mise en valeur d’œuvres exclusivement figuratives. « L’ultra-intellectualisation de l’art nous intéresse peu, son esthétisation pas du tout. Nous cherchons une odeur étrangère, une différence assumée, le spectacle d’un huis clos qui s’offre, une folie, un intérêt sans objectif, un savoir-faire inventé. Il en va ici avec une jubilation certaine d’exister, une bruyante autonomie à l’œuvre, où incarner chaque geste est primordial. »

Pour découvrir cette sélection d’artistes atypiques, il faut monter au premier étage. Le rez-de-chaussée est dédié, quant à lui, à une exposition sur l’Art brut à Chicago un peu moins convaincante, même si l’on retrouve des pointures comme Harry Darger. En haut des escaliers, une grande sculpture de Paul Toupet nous accueille. Un enfant surdimensionné, les yeux exorbités sous un masque aux oreilles de lapin, serre les épaules (pour mieux les broyer ?) d’un personnage christique beaucoup plus frêle. L’effet est fascinant et glaçant.

D’autres sculptures attirent l’attention. Il y a les mondes macabres et baroques de Kris Kuksi. L’artiste américain assemble des milliers de petits objets, souvent des morceaux de jouets en plastique, trouvés dans la rue. Il compose des sculptures très élaborées où chaque détail compte et dialogue avec les autres parties de l’œuvre. Le tout est recouvert d’une peinture grisée qui uniformise l’ensemble. L’œil voit d’abord une forme structurée, mais dès que l’on se rapproche, le chaos prend le pouvoir. Les références à la mythologie, aux forces de destruction de nos sociétés, l’humour et la satire sont les fils conducteurs de ces œuvres.

Œuvre de Kris Kuksi

 

Détail de l’œuvre

Autre sculpteur qui a attiré l’attention du blog, dans un style très différent : Gerard Mas. L’artiste espagnol crée des bustes polychromes en bois, en bronze, en plâtre, en albâtre, dans l’esprit de la Renaissance. Mais des détails anachroniques et loufoques créent une distance et renvoie aux problématiques contemporaines. La jeune fille médiévale mâche du chewing-gum, son rouge à lèvres bave… C’est amusant et léger.

Œuvres de Gerard Mas

Œuvres de Gerard Mas

Dans les œuvres en deux dimensions, beaucoup de belles choses également. Notre préférence va aux mosaïques de Séverine Gambier. Autodidacte, elle débute cet art après un deuil douloureux. Au fil du temps l’’œuvre a dépassé la douleur et fait office de journal intime. « La mosaïque est une sorte de confusion des sentiments, de temps qui se mélangent, je me suis souvent demandé si elle servait à relier ou à séparer les choses. Cette série d’œuvres dont la première pièce date de 2013 est intimement liée à ces expériences et a mis de l’harmonie dans mon désordre intérieur. »

Œuvre de Séverine Gambier

Œuvre de Séverine Gambier

Infos pratiques

 

Et vous, quelles sont vos œuvres favorites dans l’exposition ?

Indiquez-les moi en commentaire… J’aimerais les découvrir !