Art brut à l’école

Toutes les photos sont de Nicolas Krief, The museum of Everything, 2012

Il était une fois une école abandonnée en plein cœur de Paris… Pour y pénétrer, il faut traverser la cour, grimper par l’escalier de secours jusqu’au dernier étage. Légère  impression de vertige. Une petite porte, un rideau de bandes de plastique rouge. Nous voilà dans l’antre d’un lieu culturel éphémère accueillant une exposition atypique. Il s’agit d’une sélection d’œuvres des arts alternatifs provenant du « Museum of everything », un musée itinérant créé par l’anglais James Brett. Dans les salles de l’école restées dans leur jus, avec leurs peintures défraîchies, leurs courants d’air, des œuvres sont accrochées un peu partout. Impression de jeu de piste. Retour en enfance.

La première salle présente les œuvres d’Henri Darger. Dans le secret de son appartement, cet artiste américain (1892-1973) a imaginé pendant des années l’histoire d’une communauté de petites filles-garçons aux prises avec des armées de méchants adultes. N’ayant jamais appris l’art du dessin, l’artiste décalquait des images dans les magazines et les catalogues, et les reportait avec du papier carbone. Il coloriait ces images à l’aquarelle. Il a ainsi rédigé une saga de quinze mille pages accompagnées de plusieurs centaines d’aquarelles. Magnifique et dérangeant.

En descendant l’escalier aux marches de bois usées, à l’étage inférieur, on découvre l’univers foisonnant de Willem Van Genk (1927-2005). Cet artiste invente des paysages urbains très élaborés, en mêlant dessin, peinture, découpage, collage… Il construit également des maquettes d’autobus faites de cartons, de bouts de boîtes de conserve et autres matériaux hétéroclites. La fragilité de ces constructions, leurs multiples détails émeuvent et intriguent.

Parmi les 500 œuvres exposées, un autre univers arrête le regard. Sur un pan de mur entier, sont exposées une centaine de petites aquarelles, mêlant textes et portraits. Elles sont de la main de Josef Karl Radler (1844-1977). Cet ancien peintre sur porcelaine viennois est hospitalisé à la quarantaine pour schizophrénie. Il se met alors à dessiner de manière intensive, surtout des scènes liées à son environnement hospitalier, des portraits de patients. Nous partageons ainsi son intimité, nous nous confrontons directement à la maladie mentale.

L’exposition « The museum of everything » se tient jusqu’au 24 février 2013 du mercredi au dimanche de 11 heures 30 à 20 heures, au 14 boulevard Raspail à Paris. Elle sera même ouverte à Noël et le Jour de l’An. L’exposition est présentée par la « Chalet society ». Cette toute nouvelle structure a été créée  par Marc-Olivier Wahler, ancien directeur du Palais de Tokyo, elle se définit comme un « centre de recherche et d’expérimentation, un espace d’exposition, de partage, de convivialité et de transmission, un laboratoire de réflexion, et un lieu de vie ambulant. » En fonction de ses projets, la « Chalet society » investira des lieux divers.

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