Paysages contemporains

Non, peindre le paysage n’est pas ringard. Des artistes contemporains très côtés se passionnent pour ce genre pictural. C’est le cas d’Alex Katz. Ce peintre américain (né en 1927) proche du mouvement pop art est très connu pour ses portraits stéréotypés, composés en aplats de couleur. Il aborde dès les années quatre-vingt une réflexion sur le paysage, privilégiant les très grands formats pour que le spectateur puisse s’immerger dans la peinture. La galerie Thaddaeus Ropac à Paris présente ses œuvres les plus récentes sur ce thème, comprenant une vingtaine d’esquisses et plusieurs tableaux monumentaux. Comme pour les portraits, les paysages déclinent une ligne épurée, des motifs aux formes minimalistes, des couleurs uniformes. L’artiste choisit une simplification radicale, souvent déroutante. Les différents éléments sont peints sur un seul et même plan, sans profondeur de champ. Un trait suggère une branche, une empreinte de pinceau se transforme en feuille, deux lignes accolées évoquent une fenêtre. Personnellement, je trouve les grands tableaux un peu paresseux, réalisés avec une économie de moyens qui fait la marque de fabrique de l’artiste, mais qui manque d’un peu d’émotions. Les esquisses en petits formats sont quant à elles beaucoup plus sensibles.

Alex Katz, Dogwood, 2016. Huile sur toile, 243,8 x 320 cm.

Alex Katz, Dogwood, 2016. Huile sur toile, 243,8 x 320 cm.

La jeune génération s’intéresse aussi au paysage. Par exemple, Bruno Gadenne (né en 1990) découvert grâce à la galerie Bertrand Gillig à Strasbourg, qui lui a organisé sa première exposition personnelle. Le jeune homme peint à l’atelier des paysages vus lors de ses voyages à travers le monde. Il s’attache à créer dans ses œuvres une dimension insolite en détournant subtilement certains éléments. Il provoque une tension par des effets de profondeur et par un travail sur les ombres et la lumière. Son intention ambitieuse est de capturer l’attention, d’inviter le spectateur à la contemplation tout en étant sur le qui-vive. Le calme dissimule une menace sous-jacente. Sa série La rivière la nuit est magnifique. Par une superposition de glacis sombres, il dérobe son sujet au regard. Sa dernière série est un peu différente : à la fois aérienne et minérale, elle évoque les montagnes d’Islande.

Bruno Gadenne, série La rivière, la nuit, huile sur toile, 130 x 160 cm.

Bruno Gadenne, série La rivière, la nuit, huile sur toile, 130 x 160 cm.

Pour info :

Alex Katz, NEW LANDSCAPES, galerie Thaddaeus Ropac, Paris Marais, 30 août 2016 – 12 octobre 2016.

Bruno Gadenne, exposition hors les murs chez LLC Avocats, rue du Dôme à Strasbourg, du 6 octobre au 23 décembre 2016. Renseignements : galerie Bertrand Gillig

 

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